Se chauffer avec des algues, l’idée paraît saugrenue et pourtant, c’est un projet bel et bien viable. Comment ? En exploitant la photosynthèse des micro-algues ! Ce projet innovant – encore à l’état de concept – baptisé BIQ permet à un bâtiment d’être autonome en énergie grâce à l’énergie solaire et à cette photosynthèse.
Comment ça fonctionne ?
La façade de ce bâtiment passif est recouverte de parois contenant des micro-algues. Les algues sont ainsi baignées de soleil dans un environnement contrôlé. Elle se développent rapidement en produisant une importante quantité de chaleur. Il ne reste plus alors qu’à capter l’énergie thermique qui émane des algues pour chauffer – ou le climatiser en été – le bâtiment.
Les façades du bâtiment sont donc recouvertes de photobioréacteurs lesquels, tout en procurant une isolation thermique au bâtiment, permettent de réduire la consommation d’énergie nécessaire au chauffage en hiver et à l’isoler de la chaleur en été.
Pour boucler la boucle, une fois que les algues arrivent à un certain niveau de croissance elles sont récoltées et peuvent être converties en bio-carburant.
Les bénéfices sont évident : la production locale de sa propre « énergie-propre », issue de ces capteurs solaires biologiques donc cette énergie est renouvelable, et présente indéniablement une solution d’avenir, bien qu’encore assez onéreuse.
Des expérimentations grandeur nature à Paris
En 2008, l’Agence d’Architecture XTU, associée au Laboratoire GEPEA et au groupe industriel Séché lance le projet de biofaçades : « SymBIO2 » grâce au soutien de l’État et de la ville de Paris. Ce projet représente globalement 5 millions d’euros dont 1,7 millions de subventions.
Un bâtiment-pilote de quatre étages, équipé de biofaçades, a été mis en place en 2016 pour être testé, au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment de Champs-sur-Marne (en région Île-de-France), avec une biofaçade couvrant quatre étages.
Le bilan de cette expérience dressé par le CNRS est très positif. L’efficacité étant prouvée, la phase de commercialisation va pouvoir commencer et les premières réalisations de bâtiment avec biofaçades vont voir le jour.
En début 2019 c’est la construction d’un immeuble dans le 13e arrondissement qui devrait s’achever en 2020. Il comportera 900 mètres carré de biofaçade et sa réalisation s’inscrit dans l’appel à projet « Réinventons Paris ». A plus long terme, le Musée de la Baie de San Francisco, aux Etats-Unis en sera également équipé.
Où peut-on voir des « bâtiments d’algues » ?
En Autriche, l’Agence d’Architecture autrichienne Splitterwerk a mis au point un concept similaire de façade à base d’algues. Elle est a l’origine d’un bâtiment expérimental : Le BIQ House. Ce bâtiment fonctionne comme un prototype destiné à l’étude et à l’élaboration de projets de construction de maisons vertes. Il est situé à Hambourg.
Outre le Le BIQ House à Hambourg, on peut voir une telle façade à Nantes où depuis 2015, une centrale de valorisation des déchets ménagers est le premier bâtiment utilisant cette technologie.
Les algues n’ont pas fini de nous surprendre, la générosité de la nature non plus ! Les applications des algues permettent de produire des compléments alimentaires en occident pour pallier aux carences de nos terres épuisées par les traitements chimiques subis.
La puissance des algues déjà largement exploitée
Si les qualités nutritionnelles des algues sont bien connues depuis longtemps en Asie, il faut savoir que l’algo-culture est déjà exploitée en occident dans plusieurs domaines. Pour l’alimentation, notamment depuis les années ’70 quand ont été découverts les multiples bienfaits nutritionnels de la spiruline (petite algue magique qui contient 50% de protéines) et de multiples qualités nutritionnelles.
C’est en Bretagne qu’on en trouve une grande quantité d’algues (plus de 700 variétés) ce qui en fait l’un des territoires les plus riches en algues sauvages. Des exploitations se sont implantées, notamment à Riec-sur-Bélon, qui exportent des tonnes d’algues vers le Japon et la Chine, très amateurs de nos algues bretonnes..