Lors de la 24ème conférence de l’ONU sur le climat en décembre 2018, des parlementaires ont tiré la sonnette d’alarme sur l’usage de la climatisation dans les DOM-TOM. Ceux-ci sont en effet très touchés par le réchauffement climatique. La conséquence directe serait une généralisation de la climatisation dans les habitats et les lieux de travail. Dans un contexte fort d’économies d’énergie, les députés d’Outre-mer mettent donc l’accent sur la recherche de solutions alternatives à la climatisation électrique
La climatisation naturelle : une grande timide
Plusieurs initiatives ont déjà vu le jour et sont régulièrement citées en exemple. Ainsi, l’université de la Réunion possède un amphithéâtre bioclimatique, faisant appel aux procédés traditionnels de construction et aux connaissances scientifiques sur l’air et la chaleur.
En Polynésie, un hôtel de Bora Bora a, quant à lui, mis en place un système de climatisation par eau de mer (SWAC : sea water air conditioning). L’eau froide pompée en profondeur circule à travers tout le bâtiment par des tuyaux, ce qui a pour effet de rafraîchir les pièces.
Hélas, ce genre de projets reste isolé et peine à voir le jour à une échelle plus large. A la Réunion notamment, les projets de rénovation bioclimatique de l’aéroport et de l’hôpital sont restés dans les cartons. Par manque d’investissement, mais aussi faute de motivation, à la fois des usagers et des pouvoirs publics.
L’exemple type est celui du rectorat de Martinique : conçu par l’architecte pour tirer parti des vents et créer une climatisation naturelle, il a été très décrié par les usagers, à cause des désagréments des courants d’air.
La biomasse : l’atout majeur des DOM-TOM pour une électricité « verte »
Pour s’attaquer à la racine du problème, il faut plutôt regarder du côté des modes de production d’énergie. Une énergie plus « propre », issue de sources renouvelables, qui ne génère pas de gaz à effet de serre.
Deux méthodes sont privilégiées par les producteurs d’énergie Outre-mer pour la conversion des centrales existantes : la biomasse et le solaire.
Si le solaire parait à première vue évident, il ne s’est pourtant développé qu’à l’échelle privée jusqu’ici. Techniquement, il ne peut en effet pas assurer un flux constant pour les besoins à grande échelle et la climatisation.
La biomasse, quant à elle, est déjà présente historiquement sur les territoires d’Outre-Mer. Les sucreries ou distilleries ont en effet toujours utilisé leurs résidus de production (de canne à sucre) pour alimenter leurs fours.
Il était donc naturel que le producteur d’électricité Albioma, par exemple, inaugure en Martinique une unité de 40 mégawatts fonctionnant principalement à partir de la combustion de « bagasse », résidu fibreux de canne à sucre.
Baptisée Galion 2, elle a été mise en service en septembre 2018, et devrait tripler la production d’électricité renouvelable sur l’île.
Au Brésil, Albioma se repose aussi sur la canne à sucre, en reprenant des unités de production électrique de groupes sucriers. Souvent sous-exploitées, ces installations représentent un potentiel important pour le développement d’une énergie « verte » dans ce pays.
L’objectif d’Albioma est effectivement d’atteindre d’ici 2023 plus de 80% d’électricité renouvelable sur le total de sa production. En 5 ans, ils sont déjà passé de 36% à 62%, d’après le directeur général Frédéric Moyne.
De quoi faire fonctionner les climatiseurs sans arrière-pensée !