L’été commence à peine en France et cette année, nous n’avons pas encore eu à faire à des épisodes caniculaires c’est à dire, selon la définition officielle de l’Institut de Veille Sanitaire : un épisode de chaleur atmosphérique qui égale ou dépasse 72 heures de suite sans baisse notable pendant la nuit. En 2017, les épisodes caniculaires s’étaient traduits par une forte augmentation de la consommation électrique. Le recours massif à la climatisation est-il une solution viable à long terme pour faire face à cette montée des températures ?
Canicule et climatisation : quel impact sur la consommation électrique ?
La canicule s’accompagne d’une surconsommation électrique aux heures de pointes et la nuit en raison de l’utilisation – de plus en plus répandue – des climatiseurs. Hélas, ce pic de consommation intervient au moment où la production hydro-électrique et nucléaire sont faibles en raison des difficultés pour s’approvisionner en eau et ainsi refroidir les unités de production.
En juin 2017, le pic de consommation électrique a été atteint en France métropolitaine avec 60.400 MégaWatts. Certes, c’est largement inférieur au pic de consommation de l’hiver estimé à 90.000 MégaWatts mais cette consommation estivale pourrait augmenter rapidement si les ménages décidaient de s’équiper d’un climatiseur, une tendance à la hausse depuis quelques années.
Concrètement, la facture d’électricité peut augmenter jusqu’à 25 % pour une surface de 45 m² durant la période estivale. Les pics de consommation électrique bien connus en hiver lors des vagues de froid, sont généralisés désormais en été lors des pics de chaleur.
La climatisation est-elle vraiment polluante ?
La climatisation serait responsable d’une hausse de 3 à 4% des émissions de polluants par degré de température supplémentaire par rapport aux normales saisonnières, selon une étude publiée dans Environmental Science & Technology en 2017.
Une ampoule de 100 watts allumée pendant un an libère environ 840 kg de dioxyde de carbone alors qu’un climatiseur standard utilise 15 fois cette quantité d’énergie. L’impact est donc réel. Si les quelques milliards de personnes en Asie s’équipent d’une climatisation, le problème deviendra vite insoluble. En effet, les pays asiatiques et Africain dépendent en grande partie de sources d’énergie non-renouvelables tel que le charbon…
En occident et en particulier dans les grandes villes, la climatisation génère un cercle vicieux, appelé îlot de chaleur urbain. Plus les températures augmentent et plus on utilise de climatisation. Plus on les utilise, plus plus on rejette de la chaleur dans l’air qui nécessite à son tour de faire fonctionner les climatiseurs etc…
L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) stipule qu’un climatiseur – en particulier les plus vieux modèles – peut rejeter des fluides frigorigènes responsables de l’augmentation des gaz à effet de serre… ce qui est encore 300 fois supérieur à celui du C02. La nouvelle génération de fluides se nomme HFO (hydrofluorooléfine) et il n’a aucun impact sur la couche d’ozone.
Des solutions traditionnelles pour éviter la climatisation
Les constructions traditionnelles africaines ou indiennes sont élaborées avec des matériaux résistants à la chaleur tels que des poutres en bois avec des murs de briques plâtrés, avec des toits hauts et les surplombs qui créent de l’ombre aux fenêtres, des peintures réfléchissantes sur le toit, des murs d’arbres, des puits à l’intérieur des maison etc… Astuce connue de longue date : de simples rideaux humides peuvent également faire baisser la température.
La bio-climatisation : une alternative crédible ?
La bio climatisation fonctionne sur le principe du Rafraîchisseur d’Air Evaporatif (RAE). Elle utilise l’évaporation de l’eau pour refroidir un flux d’air, un principe vieux comme le monde car déjà utilisé en Mésopotamie.
Une bio-climatisation fonctionne avec de l’eau qui est injectée dans un support poreux, un ventilateur crée un flux d’air qui traverse ce support pour se charger en humidité, refroidissant ainsi l’air qui injecté dans la pièce à vivre. Pour fonctionner à plein, l’air de base doit être le plus sec possible ce qui implique l’utilisation d’un déshumidificateur. Ce type de climatisation permet d’obtenir une diminution de la température de l’ordre de 10 à 15 °C en fonction de l’humidité relative et de la température de l’air ambiant.
Les bio-climatiseur proposent des performances comprises entre 7 et 13. C’est le rapport entre la puissance de rafraîchissement produite et la consommation électrique. Une clim classique affiche de performances de l’ordre de 4.