La clim est-elle en train de réchauffer la planète ?

Publié le 21 septembre 2020

Selon un nouveau rapport conjoint de l’ONU et de l’Agence Internationale de l’Energie, il est indispensable de rendre les systèmes de climatisation moins gourmands en énergie. En effet, bien qu’ils refroidissent l’air à l’intérieur, les climatiseurs seraient responsables d’une augmentation exponentielle des températures en extérieur. Ce rapport alarmant vise à ouvrir les yeux sur l’impact des appareils de climatisation, mais aussi sur ceux des autres frigos, congélateurs etc.

Une réelle urgence climatique

Alors que les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus présents et que les températures ne cessent de grimper, l’utilisation d’appareils de climatisation est vouée à être plébiscitée. Selon le département américain de l’énergie, 6% de la consommation globale du pays serait à lui seul attribué à l’utilisation de la climatisation, ce qui équivaudrait à peu près de 29 milliards de dollars de dépense par an pour les ménages, et pas moins de 117 de tonnes métriques de dioxyde de carbone rejetée dans l’atmosphère.

Mais malgré ces chiffres ahurissants, ce problème ne concerne pas seulement les Etats-Unis, on estime aujourd’hui que quelques milliards de personnes à travers le monde n’aurait encore jamais bénéficié de la climatisation mais devraient également l’adopter d’ici quelques années. Selon le rapport de l’ONU, si ces personnes adoptaient cette technologie, cela porterait à un total de plus 14 milliards d’unités de climatisation en fonctionnement d’ici 2050.

En Asie et en Afrique particulièrement, la croissance économique pourrait conduire de nombreux ménages à s’équiper d’un système de climatisation. Alors que seulement 10% des foyers urbains sont aujourd’hui équipés, ces chiffres sont voués à augmenter dans les prochaines décennies. Cela pourrait avoir des conséquences climatiques désastreuses si les unités installées ne sont pas moins énergivores et polluantes que ceux existant actuellement. Les rejets de dioxyde de carbone pourraient être simplement impossible à contrôler.

En effet, le problème des unités de climatisation, c’est qu’elles se reposent sur des gaz à effet de serre pour remplir leurs fonctions. Bien que les plus dangereux d’entre eux ait été interdits à l’utilisation par l’EPA en 2010 à cause de leur effet néfaste sur la couche d’ozone, et de leur implication dans l’augmentation de la température sur Terre entre 1955 et 2005, ceux utilisés aujourd’hui restent très puissants, et présente également un impact non négligeable sur le réchauffement climatique.

Une consommation énergétique toujours plus importante

Au-delà du problème des rejets en dioxyde de carbone et des gaz à effet de serre, les climatiseurs sont également des appareils particulièrement gourmands en énergie. En effet, il faut mobiliser une quantité considérable d’électricité pour les faire fonctionner, et ces grandes quantités ne sont pas forcément justifiés par des performances optimales. Selon Gabriel Dreyfuss, principal auteur de l’étude l’ONU, la plupart des appareils achetés aujourd’hui sont deux à trois fois moins efficaces que la meilleure technologie disponible. Ils qualifient d’ailleurs ces appareils de « vampires énergétiques ».

C’est ainsi qu’est né l’amendement de Kigali des Nations Unies. Cet amendement préconise une réduction progressive des hydrofluorocarbures utilisés pour faire tourner les appareils de climatisation et de réfrigération. L’utilisation mondiale de ces gaz devrait être réduite de 80% d’ici 2047, ce qui pourrait, toujours selon l’ONU, sauver la Terre d’environ 460 milliards de tonnes d’émission de gaz à effet de serre, soit 8 fois ce qui a été produit au cours de l’année 2018. Cette initiative pourrait également participer à réduire la température mondiale d’environ 0,4 degrés.

L’amendement de Kigali intervient directement auprès des entreprises afin de les encourager à produire des unités de climatisation plus éco-énergiques, plus performantes, mais surtout moins polluantes. Toujours selon Dreyfuss, les constructeurs doivent repenser leurs produits, mais les consommateurs doivent également montrer de l’intérêt pour ces nouveaux produits plus respectueux de l’environnement, afin de les encourager à toujours s’améliorer.

La climatisation est un enjeu énergétique capital dans un monde toujours plus chaud, c’est pourquoi Gabriel Dreyfuss et ses collègues de l’ONU veulent à tout prix pousser les entreprises à créer de meilleurs produits pour la planète. De plus en plus de personnes vont faire appel à la climatisation, et si toutes ces personnes s’équipent d’appareils peu efficaces, énergivores et polluants cela revient à « nous cuisiner nous-mêmes » indique-t-il.

Si l’on mettait des chiffres sur la demande croissante pour ces produits, il pourrait s’en vendre environ 10 par secondes. Les produits doivent donc s’aligner sur cette demande afin de respecter au mieux l’environnement.

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